Albert Schweitzer

Albert Schweitzer

Musicien, théologien, philosophe et médecin

Albert Schweitzer est né le 14 janvier 1875 à Kaysersberg et est mort le 4 septembre 1965 à Lambaréné au Gabon. Fils d’un pasteur, il a passé son enfance à Gunsbach à coté de Munster. Après des études de théologie, de philosophie et de musique, il a décidé à 30 ans de commencer des études de médecine pour exercer en Afrique.

A 21 ans, il écrit : En 1896, aux vacances de la Pentecôte, par un rayonnant matin d'été, je m'éveillai à Gunsbach, et l'idée me saisit soudain que je ne devais pas accepter mon bonheur comme une chose toute naturelle et qu'il me fallait donner quelque chose en échange.

En 1913, il part au Gabon à ses propre frais. Pour le financement, il donne des concerts et sollicite ses amis, en Alsace et à Paris. Il réunit des médicaments et du matériel médical pour deux ans et emporte aussi le piano à pédalier d’orgue.

Les vicissitudes de la guerre le ramèneront en France comme prisonnier de guerre. En 1921, il demande à être nommé vicaire de son père à Gunsbach.

En 1924, Albert Schweitzer est de retour à Lambaréné et retrouve son hôpital à l’abandon. Il décide de créer un nouvel hôpital à trois kilomètres en amont de l’Ogooué. Dès lors, l’hôpital sera pérenne avec les financements venant principalement des Etats Unis. La dotation liée au prix Nobel lui permet d’achever en 1955 la construction du village de lumière destiné aux lépreux.

Le village hôpital

L’hôpital à Lambaréné le fera connaître du monde entier. Ses malades viennent des alentours accompagnés avec leur famille qui se charge de l’entretien matériel. Il a le souci permanent d’adéquation à l’environnement social et la mise au point progressive d’une nouvelle forme d’accueil et de soins, le village-hôpital.

Par son mode de fonctionnement, le village-hôpital est un modèle de respect de l’environnement et de développement durable : les matériaux locaux ont été utilisés pour la construction des bâtiments ; érigée en bordure du fleuve Ogooué, la structure tient compte des périodes de crues ; l’infrastructure est intégrée.

Le fonctionnement respecte les traditions locales : les malades hospitalisés vivent avec des membres de leur famille ; les parents des malades hospitalisés prennent part à la vie de l’hôpital.

Dans un pays où les soins sont assurés traditionnellement par le guérisseur chez qui les parents se déplacent accompagnés de témoins, Albert Schweitzer propose une réponse moderne adaptée à l’environnement culturel.

Il a intégré la tradition des gardiens de malades dans la construction de l’hôpital. Les gardiens sont des membres de la famille du patient : ils s’occupent de la propreté du malade, prennent soin de ses traitements, de sa literie et de sa nourriture. Ils ont accompagné le malade au cours du voyage qui les a menés à l’hôpital. L’hôpital a été conçu pour les accueillir et ainsi respecter au mieux cette tradition. Le malade conserve son environnement familial, favorisant sa guérison.

Le fonctionnement de cet hôpital tient compte de toutes les composantes de la nature. Construites en pleine forêt, les bâtisse, en bois, ne sont pas démesurées et s’intègrent dans le milieu.

L’action humanitaire naît dans cet hôpital : personnel bénévole et international ; donateurs internationaux ; gratuité des soins ; malades intégrés dans la vie de l’hôpital.

Le respect de la vie

Albert Schweitzer est aussi un homme engagé pour le respect de la vie y compris la vie animale et le respect de la nature. La notion de respect de la vie et son indignation devant la souffrance sont au coeur de sa démarche. Je suis vie qui veut vivre entouré de vie qui veut vivre.

Il s’est voulu un homme au service d’autres hommes, tourné vers l’action comme Goethe l’avait défini :

A toi même, sois fidèle et fidèle à autrui

Et que la peine que tu donnes soit de l’amour

Et que la vie que tu mènes soit action

Sa correspondance avec ses amis Albert Einstein et Robert Oppenheimer témoigne de son inquiétude croissante devant la montée du péril nucléaire. Le 23 avril 1957, il lance un appel solennel contre l’arme atomique et les essais nucléaires sur les ondes qui sera diffusé par 140 stations dans le monde et interdit par d’autres, tant à l’Ouest qu’à l’Est.

Quand il défendra ses idées, certains de ses précieux donateurs américains lui tourneront le dos. Ses détracteurs dénonceront son autoritarisme à la limite du racisme et il devient le représentant détesté d’un colonialisme abhorré. L’arrivée de John Kennedy en 1961 met un terme à cette crispation.

Ses origines alsaciennes

A sa naissance, Albert Schweitzer est allemand puisque l’Alsace est allemande depuis 1871. Après la première guerre mondiale, Albert Schweitzer réside à Strasbourg avec sa femme. Il est automatiquement réintégré dans la nationalité française. En revanche, sa femme Hélène (d’origine juive), née à Berlin et allemande de naissance, a dû obtenir sa naturalisation.

Enfant, Albert parle plusieurs langues : l’alsacien familial, l’allemand à l’école et à l’église et le français qu’il utilise dans sa correspondance et pour une partie de ses lectures.

A Gunsbach, il apprend la tolérance avec une église qui accueille à la fois les catholiques et les protestants sous le même toit. Il reviendra régulièrement dans sa maison de Gunsbach.

Son oeuvre

Parmi les passions d’Albert Schweitzer, la musique occupe, chronologiquement, la première place. Reconnu comme analyste et interprète de l’oeuvre de Bach, il contribue aussi à la recherche sur l’histoire de l’orgue et de sa facture.

La plupart de ses ouvrages ayant été écrits en allemand et traduits tardivement, c’est seulement au début des années 1950 que la France découvre qu’il est citoyen français.

En français, on peut citer :

Souvenirs de mon enfance, Librairie Istra

Histoires de la forêt vierge, Payot Paris

A l’orée de la forêt vierge, Albin Michel

J.-S. Bach, le musicien-poête, Editions Maurice et Pierre Foetisch

Ma vie et ma pensée, Albin Michel

Les grands penseurs de l’Inde, Petite Bibliothèque Payot

La mystique de l’apôtre Paul, Albin Michel

Le Secret historique de la vie de Jésus, Albin Michel

Vivre, Albin Michel

Les religions mondiales et le christianisme, Ed Age d’homme

La civilisation et l’éthique, édition Alsatia Colmar

La paix ou la guerre atomique, Albin Michel

Son œuvre a été distinguée par le Prix Nathan Katz du Patrimoine 2015 qui distingue une œuvre du patrimoine littéraire alsacien écrite en dialecte ou en allemand et encore peu ou pas traduite en français, afin de témoigner de la richesse exceptionnelle d’un patrimoine profondément marqué par le dialogue des langues et des cultures et de l’urgence de surmonter les clivages liés à l’histoire du XXe siècle.

En 2009, lorsque Barack Obama reçoit à son tour le prix Nobel de la Paix, il rend hommage à Albert Schweitzer et aux autres géants de l’histoire, Martin Luther King, George Marshall et Nelson Mandela qui l’ont précédé.

Albert Einstein est l’Alsacien le plus célèbre dans le monde. Il est aussi un des Français les connus aux quatre coins de la planète disputant ce privilège avec le général De Gaulle. Le Time Life Magazin le désigne, en 1947, comme le plus grand homme du siècle. Mais en France, il a été souvent pris pour un allemand et ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’on a appris à le connaître.

L’hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné agrandi en 1981 utilise toujours les bâtiments construits en 1927. Aujourd’hui, il intègre des départements de médecine interne, chirurgie, pédiatrie, une maternité, une clinique dentaire et, depuis 1981, une unité de recherche médicale sur la malaria.


Albert Schweitzer

La statue d'Albert Schweitzer sur les hauteurs de Gunsbach. Oeuvre de Fritz Behn qui fut élève de Rodin, érigé en 1969 au lieu-dit Kanzrain

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